Le royaume intérieur
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Vous rappelez vous cette petite fiche que nous remplissions enfant, en début d’année scolaire, pour chaque professeur. Comme si cela pouvait raconter ne serait ce qu’un millième de notre histoire. Puis la pression familiale, la pression sociale nous imposaient un cadre trop étroit, mais nous nous ajustions tant bien que mal. Formaté dans l’amour ou la contrainte, consciemment ou inconsciemment, il fallait ensuite beaucoup de temps pour faire la mue de fausses enveloppes qui nous expédiaient dans des directions erronées, ou en poste restante. Mais un jour, on recherche enfin le destinataire et de petites enquêtes, en gros déblaiements, on retrouve sa trace. Comme un voyageur égaré fini par faire le plus beau des voyages, nous pouvons enfin partir à la découverte de notre royaume intérieur.
« Nous pouvons, une vie durant, penser que nous suivons nos propres idées sans découvrir jamais que nous n’avons été que des figurants sur la scène du théâtre universel. Car il y a des faits que nous ignorons et qui pourtant influencent notre vie, et ce d’autant plus qu’ils sont inconscients. Il fallait donc que quelque chose fût à l’œuvre dans les coulisses, quelque chose d’intelligent, en tout cas de plus intelligent que moi ; car jamais l’idée géniale ne me serait venue à l’esprit que l’univers lumineux intérieur, à la lumière éclatante de la conscience, n’apparaît plus que comme une ombre gigantesque. Je comprends maintenant, brusquement, beaucoup de ce qui m’était autrefois resté inexplicable : par exemple cet embarras et cette ombre d’étrangeté qui tombaient sur les gens chaque fois que je faisais allusion à ce qui pouvait évoquer le royaume intérieur.«