2. Les baleines du champignon
Je vais te conter aujourd’hui ce que Séquoia dévoila un jour, à de jeunes initiés, dans la verte vallée reculée. II était particulièrement comblé d’avoir partagé avec eux, une belle journée pluvieuse. Il leur avait transmis moults enseignements, avec son ami champignon maître. Un champignon brillant, ma-foi !
Maintenant assit autour d’un feu d’énergies sacrées, ils méditaient tous, silencieusement. Tu me demanderas sûrement, à quoi ressemble un feu d’énergies sacrées ?
C’est un feu sans flamme brûlante, besoin de ne rien consumer pour qu’il soit. Les énergies montent à pleine vitesse de la terre vers le ciel. Elles semblent ceinturées par un anneau invisible. La puissance des vibrations développe des formes et des couleurs spectaculaires. Celles-ci sont très variables, selon la substance du moment présent.
Mais revenons à ce qui nous occupe aujourd’hui… Ce soir là, des ondulations vertes et fuchsias se verticalisaient dans l’espace et créaient une chaleur régénérante, propice à la communication de coeur à choeur. Mais avant de poursuivre et rejoindre les mondes subtils de Séquoia, il faut que tu t’acquittes d’un petit rite de passage. N’aie crainte, rien d’impossible pour toi, si tu le souhaites. Tu peux inviter un guide, un animal totem, un végétal totem à t’accompagner.
Allez ! Allons, Séquoia nous attend.
Ferme les yeux et ouvre les dans ton coeur.
Il n’y a que ce chemin qui te conduira. Parce qu’il n’y a que ce chemin qui soit !
Laisse venir en toi une belle lumière verte. Elle est là, elle attend ton souhait, pour venir à ta rencontre. Appelle-la de tout ton coeur.
«lumière verte, lumière verte, pure lumière verte». Un faisceau vert descend progressivement vers nous. Il approche.
Si il se trouve encore un peu loin de toi, recommence par le cœur à le solliciter. Peut-être n’as-tu pas mis assez d’intensité dans ton appel intérieur pour que la lumière t’entende. Tu sais, elle est spéciale, elle est vivante.
« Lumière verte, lumière verte, pure énergie verte, je t’invite à me rejoindre ».
« Lumière verte, lumière verte, pure énergie verte, je t’invite à me rejoindre »
Te voila près à l’accueillir dans ton cœur. A la prochaine inspire, elle est là près de toi.
A l’expire, tu lui ouvres la porte et elle gagne le centre de ton coeur. Déjà elle irrigue tes veines d’un fluide de vie différent. Puis c’est tout ton corps qui se laisse bercer par ce doux courant de guérison. L’énergie verte emplit désormais toute ton anatomie et au-delà. Tous tes corps subtils, toutes tes cellules, tous tes corps d’énergies, aussi loin que tu l’autorises, elle va.
Maintenant, à chaque respiration avec elle, tu te délestes telle une montgolfière. Ton corps s’allège, ta tête se relâche, ton coeur se soulage de la pesanteur. Tout devient léger, tout devient fluide, tout devient vie. Et tu flottes peu à peu dans l’espace préalable au voyage.
Séquoia peut dorénavant venir vers toi. Il arrive. Il tend, grandes ouvertes, ses branches d’énergie et t’invite à grimper tout simplement en lui. Visualise et gravis en confiance cet espace. Regarde ce branchage est si harmonieux, que tu montes tranquillement vers la cime, comme tu le ferais d’un escalier. Tu y es ? Comment te sens-tu là-haut ? Profite de la vue.
Séquoia est très joyeux de ces fruits tombés du ciel. II les pose délicatement en son cœur infini.
Voilà, vous êtes tous, initiés de la vallée reculée et invités surprises, confortablement assis.
Vos yeux ne quittent pas les formes évolutives, les couleurs luminescentes du feu sacré. Son attraction est puissante, car elle porte l’information de l’imminence d’un passage, dans l’univers à vos pieds. Déposez votre conscience dans vos pieds et laissez faire.
Ressens déjà la terre humide sous ta plante et entre tes doigts. Progressivement tes pieds s’enfoncent comme des racines dans le sol. Poses l’intention de planter tes racines ici et maintenant dans cette espace sécurisé au cœur de Séquoia. La terre t’accueille avec beaucoup d’amour. Tu lui envoies à ton tour par le cœur beaucoup d’amour. Tu te sens protégé par la puissance de l’arbre et tous tes sens s’éveillent à cette expérience. Cela sent bon et tes oreilles se régalent de la subtilité des sons de la terre.
Séquoia parle :
« – Trouve autour de toi un champignon. Un que tu aimes bien, par ce qu’il est jolie, parce qu’il est drôle, parce qu’il est mystérieux ou plus simplement parce qu’il se présente à toi.
– Deviens ce champignon. Oui tu as bien entendu, tu te visualises en ce champignon.
Pose tes mains sur le sol, par de petits mouvements de ton corps, trouve ton unité de champignon. Tu as maintenant de fins filaments capables d’explorer un grand volume de terre.
Par ces très fins fils, tu grandis ton espace d’exploration, loin très loin… Très très loin.
Ces fils si subtils viennent au contact d’autres fils très subtils. Les ressens-tu ? Toutes ses énergies subtiles deviennent ta base d’équilibre. Adapte ta posture, renforce ton axe, ton pied de champignon. Ta capacité à recevoir et à transmettre est tout autre. Tu envoies une énergie magnétique et reçois des énergies magnétiques. Tu peux te connecter à toutes ces énergies aisément. Ecoute ce qu’elles te racontent. Ressens dans ton corps, ce que cela modifie en toi d’être dans l’unité avec la terre.
– Il est temps de déployer ton chapeau. Oui, ton chapeau de champignon, ta coupole, ton observatoire, ta tourelle, ton antenne. Ressens comme ce chapeau te grandit et te permet une dimension différente. Il filtre efficacement l’air que tu respires, elle est fraîche, elle est pure. Plus rien qui ne te soit essentiel ne t’approche. Tu respires l’énergie de vie et exclusivement l’énergie de vie. A chaque inspire, tu goûtes les nuances de l’air de vie, douce, aimante, joyeuse, simple, pure, nourricière… Ressens tes énergies personnelles ici et maintenant. Souffles-les vers l’univers et reçois en retour les énergies qui nourrissent ton cœur, qui font grandir qui tu es. A chaque inspire de qui tu es, ton chapeau grandit. Plus il grandit, plus il reçoit. Plus il reçoit, plus il perçoit. Ta dimension grandit à mesure que ton être se déploie.
– Tu vois la structure du champignon que tu es, est comme les baleines d’un parapluie qui lâchent prise au vent et se laisse emporter tourbillonnant vers un ailleurs inconnu. Laisse-toi porter en confiance par ce vent nouveau. Tu es un champignon, un champignon ne doute pas de prendre racine où qu’il atterrisse. L’air te porte, elle t’enveloppe tellement que tu ne ressens plus aucune de tes densités. Cet air se faufile en toi, t’apportant un souffle libérateur.
Tu t’allèges encore un peu et de peu en peu, ton être tout entier semble maintenant être de la même densité que l’air. Comme si tu inspirais et expirais la totalité de l’air de la terre, comme si tu inspirais et expirais dans les poumons de l’univers. Autorise-toi à le vivre pleinement, comme nous les arbres. Rien n’est plus ressourçant que cette immensité, que cet infini en toi.
– L’infini est en toi. Tu es cela.
Ni limite, ni temps, juste être. Juste gouter le silence intérieur qui s’installe. S’abandonner à cet espace pour y retrouver son entièreté, sa pure essence d’être. Déjà ton souffle se pose en paix, plus lent, plus doux, il berce tout ton être, un être différent, peut-être une autre partie de toi enfouie, ou une autre dimension insoupçonnée. Tout semble figé, pour te permettre d’observer, de ressentir tout ton soul ou tu es. A quel endroit ce si petit champignon t’a-t-il permis d’aller…
Tu es le tout, l’infini est en toi, tu es cela.
Tu es le tout, l’infini est en toi, tu es tout cela. »
Séquoia s’est tu.
La pluie s’est remise à tomber sur la verte prairie reculée. Les feuilles d’if de Séquoia raisonnent sous les gouttes. Bientôt le son se fait si présent que chacun peut sentir la pluie sur son corps de champignon. Le champignon se gonfle telle une éponge, à ce contact. L’eau traverse bientôt tous les corps et ce grand nettoyage fait revenir d’un coup, tous le groupe autour du feu, comme un torrent puissant peut changer le cours du temps. Vous voilà bien sonné peut-être par ce retour express, alors reprenez contact avec votre corps. Tous les morceaux sont-ils là? Il me semble que oui et je m’en réjouis… Je ne voudrais pas vous avoir ôté l’envie de recommencer. Avant de vous quitter, je vous donne la dernière phrase de Séquoia ce jour là.
« Tu peux recevoir tous les enseignements du monde, rien ne peut remplacer l’expérience que tu t’autorises à vivre. Alors vis « l’expérience ».
Illustration : Sylvain Diez