1. Pleurer des soleils
Allons ensemble à la rencontre de l’arbre maître pour écouter ce qu’il a à nous transmettre. Avançons vers lui confiant de le trouver ici.
Quitte tes chaussures, là ou je te mène, elles n’existent pas.
Aucune trace, chaque jour est un jour premier. Pour passer, tu n’auras besoin que de la pureté de ton coeur d’enfant. Pose l’intention qu’il t’accompagne pour ce voyage. Tu y es ? Prends ton temps, il te revient, il n’a jamais été bien loins. Le sens- tu ? Ça y es, tu es passé.
Tes pieds sur l’herbe fraîche captent déjà une résonnance magnétique nouvelle. Tu ressens des vibrations sous la plante de tes pieds nus. C’est l’appel de Séquoia à le rejoindre. Tout ton corps vibre à l’unisson de cet instant précieux. Toutes tes cellules s’activent. Au fur et à mesure, que tu avances, ton corps, ton esprit se libèrent pour laisser tes sens s’ouvrir à la découverte de ce qui s’en vient. A chaque nouvelle inspiration, de pesantes pensées se détachent de ta tête. A chaque expiration, elles se dissolvent dans l’air en une bruine raffraichissante qui va nourrir le sol. Tout est toujours juste ici.
Inspire pour te détacher, expire pour être libre d’avancer.
Un doux parfum d’humus caresse désormais tes narines. Tes pieds marchent sur un lit d’épines de pins toutes douces. Avance, avance encore…
Sens-tu cette puissante odeur de sève de pin et la présence maintenant de fines racines sous tes pieds. Elles te guident, comme pour te dire, « n’aie pas peur, tu es en sécurité, nos racines sont tes racines, nous te portons, là ou il se doit. »
Tu es désormais chez Séquoia, lèves tes yeux et vois. Séquoia est devant toi, immense, magnifique, il t’accueille. Il te dit « Viens, approche ». Tu te baisses pour passer sous ses branches, elles touchent presque terre. Tu te sens incroyablement bien, c’est comme être dans des bras protecteurs. Il t’invite à poser tes mains sur son écorce et à visualiser sa sève. Elle ressemble à un miel limpide. Elle est si vivante que par son énergie elle t’emporte comme un puissant courant et te voilà sève. Mais vite, vite Séquoia t’attrape, avant que tout ce flux ne te fasse tourner la tête.
Te voilà assis maintenant en son centre. Une très belle lumière verte t’éclaire. Quand tu lèves les yeux, au bout de ce long tunnel, tu vois le ciel comme jamais tu ne l’a vu, si proche, si limpide, si lumineux.
Séquoia est assit à tes cotés. Tu sembles si petit à coté de lui, un tout petit enfant sage.
Il te parle
« Bienvenue cher enfant, ouvre ton coeur et soit en paix avec ce que je te conte.
Un soir de clair de lune sur la terre, une personne s’endormit paisiblement, bercé par les sons de l’obscurité grandissante… La grande roue de la vie, cette nuit là, débloqua. L’espace ou le temps subit un contre temps, on ne sait ni comment, ni pourquoi ? Toujours est-il, que cette personne se retrouva foulant une immense forêt. On dit qu’elle fut guidée par une forte attraction. Alors que la raison aurait prévalu, dans cette nuit si mystérieuse ! Le sol était chaud, moelleux et ses mains volaient dans les airs. Son visage libre de toute expression, semblait lissé par cet instant. Le soleil devait déjà poindre et une lumière vive perçait l’horizon des troncs lui faisant face. Elle sortit du bois, quand celui-ci émergeait dans toute sa rondeur, au dessus de dunes de sables qui étaient brillantes comme des paillettes d’or pur. Au centre, une rivière d’eau bleu profonde, sillonnait le sable doré. L’eau se parait des reflets de l’aube, dessinant de belles ondes de formes. Elle resta immobile, admirant ce magnifique paysage. Tout était vivant, à sa place. De quel pays s’agissait-il? Ses yeux transperçaient l’espace, comme scannant la scène. Comme on aurait quêté la vérité d’une situation étrange. Il lui semblait percevoir par intermittence, la douce sonorité d’une mélodie répétitive, portée par un léger souffle.
Il s’écoula un peu de temps avant que l’embarcation ne devienne visible. Elle glissait sur l’eau, puis fini par se poser dans un léger crissement sur la rive sableuse. Quelqu’un posa pied à terre et se dirigea droit sur elle. Plus la silhouette approchait, plus il lui semblait la connaitre. Des questions se bousculaient, mais elles échouaient inertes sur le sable, comme neutralisées par une force inconnue.
Les sensations, les émotions naissantes créaient une sorte de corridor dans son cerveau. Quand elle ne fut plus qu’à quelques mètres de la révélation, le temps se suspendu et elle retint sa respiration.
C’était elle qui se faisait face, un autre soi.
C’était elle et pas elle. Mais alors, c’était qui ?
Tu sais les derniers grains du sablier ont plus d’importance que toutes les dunes réunies.
Elle pris alors la parole
« Je suis plus qu’un corps physique»
L’autre lui faisant écho « tu es plus qu’un corps physique»
« Je suis plus grande, je suis plus vivante, je suis autre, je suis l’autre »
L’autre « Tu es plus grande, tu es plus vivante… Tu es moi, je suis toi dans une autre dimension, mais pas que moi et pas que toi… »
Elle comprit
« Ainsi, quand je suis le tout, quand je me pose dans mon coeur et que je souris au soleil , je souris à tous les soleils de tous les univers»
Oui dit l’autre
« Ainsi, quand je te rencontre aujourd’hui, je me rencontre, je nous aime d’être tout cela et plus encore. »
Oui dit l’autre en ouvrant les bras pour l’accueillir.
« Je suis ton inattendu, ton infinitude, ton guide, ton soleil et ta lune, ton chemin de connaissances. Je suis la joie dans la tristesse, la lumière dans l’ombre, le silence qui s’oppose à l’agitation, la grâce qui s’éveille. Je suis toutes tes dimensions, ta pleine conscience ». De leurs yeux coulaient des larmes, des larmes de reconnaissances ,des larmes de joie. Mais tu sais c’était plus que des larmes de joie, ou de reconnaissances. Parce que c’était des larmes de soleils !
Des petits soleils qui naissent dans les yeux.
Il y en avait tellement qu’ils finissaient par glisser le long de leurs joues en petites rivières de lumières, jusqu’à leur cœur. Leurs cœurs débordaient de ces paillettes étincelles. Il y en avait tellement que d’autres larmes de soleil allaient se poser sur le sol, se mêlant au sable qui les accueillait comme il se doit d’un si précieux trésor.
C’est quand le dernier grain de sable provoqua le renversement du sablier que cette personne fut à nouveau dans son lit. Quelque chose était née en elle, cette nuit là. Quelque chose de merveilleux, un petit phare intérieur qui ne la quitterait plus jamais, pour éclairer les nuits un peu sombres. Elle découvrit plus tard une petite paillette d’or, nichée dans le creux de son cou.
« Tu sais, il y a toujours un sablier quelque part près à bousculer le temps, même quand on ne le voit pas. Nul n’a besoin de le voir pour le vivre. Juste se décider un jour à emprunter le chemin. » dit Séquoia songeur. Il semblait regarder comme un foyer central, invisible à nos yeux. Puis dans un éclair invita son ami le grand phénix à venir partager une sagesse.
« Ce n’est pas parce que l’on ne connait pas la destination, qu’il ne faut pas y aller. »
Alors ou veux tu aller aujourd’hui toi qui m’écoute…
Pose maintenant l’intention de t’y rendre et reçoit ce que tu es venu trouver…